[Maigret 018] maigret by Georges Simenon

[Maigret 018] maigret by Georges Simenon

Auteur:Georges Simenon [Simenon, Georges]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782253120599
Publié: 1934-01-23T23:00:00+00:00


VI

Rue Fontaine, il y avait les lumières des boîtes de nuit, les portiers, les chauffeurs des voitures qui stationnaient. Ce n’est qu’après la place Blanche, quand on prit, à droite, le boulevard Rochechouart, que la situation se dessina.

Joseph Audiat marchait devant, d’une démarche irrégulière, fébrile, sans jamais se retourner.

Vingt mètres derrière lui, Maigret, énorme, les mains dans les poches, faisait de grandes et calmes enjambées.

Dans le silence de la nuit, les pas d’Audiat et de Maigret se répondaient, ceux d’Audiat plus rapides, ceux de Maigret plus puissants et plus graves.

Derrière eux venait enfin le ronronnement de l’auto d’Eugène. Car Eugène et le Marseillais avaient pris place dans la voiture. Ils la conduisaient lentement, au pas, en longeant le bord du trottoir et en essayant, eux aussi, de garder leur distance. Parfois ils devaient changer de vitesse pour maintenir leur allure. Parfois aussi, brusquement, ils faisaient quelques mètres, d’un bond, puis attendaient que les deux hommes aient repris de l’avance.

Maigret n’avait pas eu besoin de se retourner. Il avait compris. Il savait que la grosse voiture bleue était là. Il devinait les visages derrière le pare-brise.

C’était classique. Il suivait Audiat parce qu’il avait l’impression qu’Audiat se laisserait plus facilement intimider que les autres. Alors ceux-ci, qui le savaient, le suivaient à leur tour.

Au début, Maigret esquissa un vague sourire.

Puis il ne sourit plus. Il fronça même les sourcils. Le garçon de café ne se dirigeait pas vers la rue Lepic où il logeait, ni vers le centre de la ville. Il suivait toujours le boulevard au-dessus duquel passait maintenant la voie du métro et, sans s’arrêter au carrefour Barbès, il continuait sa course vers La Chapelle.

Il était peu probable qu’il eût quelque chose à faire dans ce quartier à pareille heure. L’explication s’imposait. D’accord avec les deux hommes de l’auto, Audiat entraînait le commissaire vers des endroits de plus en plus déserts.

Déjà l’on n’apercevait plus que de loin en loin une silhouette de fille tapie dans l’ombre, ou la forme hésitante de quelque sidi allant de l’une à l’autre avant d’arrêter son choix.

L’émotion, pourtant, ne vint pas tout de suite. Maigret restait calme. Il fumait par bouffées régulières, écoutait ses pas, aussi réguliers qu’un métronome.

On passa par-dessus les voies de chemin de fer de la gare du Nord et l’on aperçut au loin celle-ci avec ses quais vides et son horloge éclairée. Il était deux heures et demie. L’auto ronronnait toujours, derrière, quand il y eut, sans raison, un tout petit coup de klaxon. Alors Audiat se mit à marcher plus vite, si vite qu’il semblait se maîtriser pour ne pas courir.

Sans raison apparente aussi, il traversa la rue. Maigret la traversa aussi. Un instant, il fut de profil, aperçut la voiture, et c’est à ce moment qu’il eut un vague soupçon de ce qui se préparait.

La ligne aérienne de métro rendait le boulevard plus sombre que n’importe quel coin de Paris. Une patrouille d’agents cyclistes passa, et l’un des agents se retourna sur l’auto, ne vit rien d’anormal et disparut avec ses collègues.



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